Je me rappelle avoir déjà considéré George Brassens et Paul Valéry comme étant les auteurs ayant le plus beau français que je connaisse.
Bien que ce soit une paire originale, ils partagent cette façon de s’exprimer directement, avec une grande justesse de vocabulaire, de mode, de temps, de narration et de sens.
Là où bien des auteurs se soulignent essentiellement par leur élégance et leur style, Brassens et Valéry sont d’abord des êtres massivement contemplatifs mais qui ont aussi le don de s’exprimer parfaitement bien.
Puis un jour, j’ai constaté que les deux auteurs étaient nés à Sète, sur la mer Méditerannée, dans le sud de la France.
Drôle de coïncidence mais je crois maintenant comprendre qu’au-delà du français, les deux poètes partageaient surtout les mêmes états d’âmes, car Sète et ses alentours semblent tout à fait propices à la contemplation. Avec tous ces cours d’eau, il n’est pas surprenant que la commune soit surnommée la Venise du Languedoc. D’ailleurs, Venise figure à bien des égards en tête de mes villes préférées à cause de cet enchevêtrement inouï entre la mer, la lumière, le temps et les hommes.
Voici le passage d’un texte de Valéry, au sujet de Sète :
« Tel est mon site originel, sur lequel je ferai cette réflexion naïve que je suis né dans un de ces lieux où j’aurais aimé de naître. Je me félicite d’être né en un point tel que mes premières impressions aient été celles que l’on reçoit face à la mer et au milieu de l’activité des hommes. Il n’est pas de spectacle pour moi qui vaille ce que l’on voit d’une terrasse ou d’un balcon bien placé au-dessus d’un port. […] L’oeil, dans ce poste privilégié, possède le large dont il s’enivre et la simplicité générale de la mer, tandis que la vie et l’industrie humaines, qui trafiquent, construisent, manoeuvrent tout auprès, lui apparaissent d’autre part. […] L’oeil ainsi embrasse à la fois l’humain et l’inhumain. »1
Références :