Conservateurs et néo-démocrates, enfin sous la loupe!

Après réflexion, la journée d’hier a beaucoup de points positifs.

Autant les canadiens avaient peur en 2004 d’un gouvernement minoritaire « paralytique » et « inefficace », autant on se dit maintenant qu’un gouvernement majoritaire a des allures de fascisme… Mais à quoi servent maintenant les partis de l’opposition? Ironiquement, comme le disait hier Jean-François Lisée, les néo-démocrates avaient plus de pouvoir avant les élections qu’ils en ont maintenant.

Il reste que les prochaines années seront un retour de pendule particulièrement intéressant et une occasion idéale de juger les conservateurs et les néo-démocrates, après tout ce qui a été dit à leur sujet.

Faits saillants

Voici les faits saillants de cette élection à mon avis :

  1. Les libéraux donnent la majorité aux conservateurs en perdant la couronne torontoise.
  2. Le Québec est nettement sous-représenté au sein du gouvernement majoritaire.
  3. Les néo-démocrates balaient les bloquistes et les libéraux au Québec.

Autrement dit :

  1. Au centre, les libéraux ont progressivement été pris en étau entre les conservateurs et les néo-démocrates qui ont pris de plus en plus de place au centre de l’échiquier. Christian Paradis parle maintenant du Parti conservateur comme d’un parti de centre droit et Bob Rae a même parlé d’une fusion du NPD avec le Parti libéral…
  2. En ce qui concerne la place du Québec au pouvoir, ce n’est probablement pas si dramatique qu’on le croit quand on pense au vote traditionnellement bloquiste. D’ailleurs, lors de son discours, Harper et ses partisans ont chaudement applaudi le vote fédéraliste québécois… et aux yeux des analystes, ceci devrait améliorer la crédibilité des québécois dans le reste du Canada.
  3. Vague orange : visiblement, les étudiant(e)s, enseignant(e)s, activistes, environnementalistes, journalistes, syndicalistes et avocat(e)s du NPD ont été des cibles de choix pour les Québécois, apeurés par le Parti Conservateur.

Sièges et suffrage universel?

Le nombre de sièges est-il représentatif du vote? Considérant que le taux de participation n’a que très légèrement augmenté entre 2008 et 2011, voici un tableau qui dresse respectivement le nombre de sièges, le pourcentage de vote et le pourcentage de siège remportés par chaque parti au deux dernières élections.

En vert, on peut voir les partis qui sont actuellement surreprésentés à la chambre des communes, et en rouge, ceux qui sont sous-représentés. À la défense des libéraux et des bloquistes, on peut voir qu’ils sont présentement sous-représentés en chambre, ce qui laisse croire que le Québec est moins orange qu’on ne le croit.

Partis 20081 20112
Sièges Voix % Sièges % Sièges Voix % Sièges %
Conservateurs 143 37,63 46,43 167 39,62 54,22
NPD 37 18,2 12,01 102 30,62 33,12
Libéraux 77 26,24 25 34 18,91 11,04
Bloc 49 9,97 15,91 4 6,05 1,3
Vert 0 6,8 0 1 3,91 0,32
Indépendants 2 0,65 0,65 0 0,43 0

1 http://www.cbc.ca/news/canadavotes/map/2008/
2 http://www.cbc.ca/news/politics/canadavotes2011/

À quoi devons-nous s’attendre d’une majorité conservatrice?

Harper tente de se faire rassurant depuis le discours de la victoire. Il a réitéré ses priorités qui, tout compte fait, n’ont rien de choquantes en soi :

  1. Croissance et économie
  2. Familles et aînés
  3. Éliminer le déficit et augmenter les transferts en santé
  4. Sécurité dans les villes…

Mais voilà la question qu’on se demande tous : où est l’agenda allianciste de Stephen Harper? Il ne nous le dira jamais directement, mais je suis convaincu que Harper saura nous broder un tissu de projets de loi soigneusement calculé et équilibré pour plaire à tout le monde, y compris la base allianciste qui l’a élu en 2002.

Cependant, on peut d’ores et déjà dire adieu au registre des armes à feu et au financement public des partis.

Élections 2011 : la coalition des conservateurs?

Voilà qu’on apprend que les conservateurs appuient la campagne d’André Arthur :
Élections 2011 – André Arthur reçoit l’appui de Stephen Harper et de Maxime Bernier

Notez qu’après vérification, la circonscription du candidat indépendant est la seule au Canada où les conservateurs n’ont pas présenté de candidat comme l’atteste ce document PDF, tiré du site d’Élections Canada.

On peut en conclure que le Parti Conservateur n’a pas jugé bon de diviser le vote à droite, puisque M. Arthur admet lui-même avoir souvent voté avec les conservateurs.

Comme quoi une coalition, ça peut avoir du bon.

Twitter, Google, etc. : des alternatives viables aux SMS?

Depuis le jour où j’ai été sur Internet avec un téléphone, j’ai toujours été répugné par les forfaits de messagerie texte. Tant qu’à payer un forfait de données de plusieurs mégaoctets, pourquoi faut-il payer des frais aditionnels pour envoyer quelques octets de texte?

Bien entendu, sans téléphone intelligent et sans forfait de données, la messagerie texte a peu de prédateurs naturels. Mais avec un forfait de données, avouez que c’est franchement indécent.

C’est pourquoi je suis étonné qu’aucune alternative viable aux SMS ne se soit encore imposée. L’idée n’est peut-être pas aussi sexy que iFart, mais il existe un énorme potentiel commercial selon moi, considérant la popularité des SMS.

Voici essentiellement les questions que je me pose :

  • Quels sont les avantages de la messagerie texte?
  • Quels sont les limites des alternatives actuelles?
  • Quels sont les alternatives actuelles compatibles avec la messagerie texte?

J’ai consigné mes réponses préliminaires dans le tableau suivant :

Commentaire Notification immédiate Multiplateformes Compatible SMS
SMS OUI N’importe quel téléphone N/A
Maintenant, pour les alternatives, il faut minimalement :

  • Un téléphone intelligent multitâche pour recevoir les notifications (donc oubliez le iPhone 3G)
  • Un forfait de données
Twitter On peut envoyer/recevoir des messages privés à partir d’une application mobile Twitter, du Web ou de la messagerie texte. Par ailleurs, on peut tweeter ou envoyer des messages privés à partir de la messagerie texte.
En revanche, c’est un peu plus laborieux que la messagerie instantanée.
Quasi-immédiate, selon l’intervalle de notification Probablement n’importe quel téléphone intelligent multi-tâche OUI, d’où les fameux 140 caractères…
Google Voice / Google Talk Google Voice est un service de VoIP, donc parfait pour les appels ET les SMS gratuits. Gros problème, le service est seulement disponible aux États-Unis… mais je continue à espérer.
Google Talk est la messagerie instantanée (chat) de Google intégrée à GMail.
OUI Android, BlackBerry et iPhone (3GS+ de préférence) OUI
Heywire Heywire est un service gratuit de messagerie texte et instantanée qui s’intègre aussi avec Facebook, Twitter, etc. Heywire nous fournit un numéro gratuit à partir duquel on peut envoyer/recevoir des SMS. OUI, sauf que ça ne fonctionne pas sur mon Android… Android et iPhone OUI, c’est du SMS!
AOL Instant Messenger Prometteur, mais ça ne fonctionne pas sur mon Android (Force close à répétition). OUI? OUI? OUI?
Skype Puisque les SMS ne sont pas gratuits, ce n’est pas compatible avec mes contacts qui n’ont pas de téléphones intelligents. OUI OUI OUI, mais ce n’est pas gratuit
Courriel Le courriel n’est pas adapté selon moi :

  1. Les messages courts engorgent inutilement notre boîte de réception.
  2. Les courriels ont un objet en plus du texte et du destinataire.
  3. Si je reçois une notification par courriel, je suis moins porté d’aller voir immédiatement ce que c’est. Ça peut être un message de 10 mo…
Quasi-immédiate, selon l’intervalle de notification OUI, même avec un téléphone « semi-multitâche » comme le iPhone 3G NON

Conclusion

Personnellement, la seule alternative qui semble fonctionner dans mon cas, c’est Twitter. Sinon, il faudrait une application similaire à AIM mais qui fonctionne…

Avec Twitter, on peut au moins envoyer des SMS gratuits à tous nos contacts, peu importe leur téléphone et leurs applications, ce qui prouve qu’on ne peut pas encore se passer des SMS.

Mais qui remplacera définitivement les SMS? À première vue, je crois que le jour où tout le monde aura un téléphone intelligent, ils seront tous munis d’application de messagerie instantanée d’entrée de jeu. Ce sera donc la suite d’une éternelle bataille entre AOL, Google, Yahoo! et Microsoft. Et éventuellement iChat pour iPhone.

Au fait, quel est l’avantage de la messagerie instantanée sur les SMS? Elle intègre plus naturellement les plateformes existantes telles que les ordinateurs de table, les ordinateurs portables, les tablettes et les téléphones mobiles.

Autrement dit, peu importe le bidule, on sera toujours connecté ensemble.

Pour le meilleur et pour le pire.

Mondial junior 2011 : un miracle qui ébranle la foi

Équipe Canada junior menait 3-0 après 2 périodes.
Mais les Russes l’ont emporté 5-3 en temps réglementaire.

Inutile de dire que dans l’aréna, les 19 fans de l’équipe russe étaient en liesse, mais pour les 18 000 fans du Canada, j’ai comme l’impression que la bière est mal passée.

La foi

Franchement, cette fois-ci, les analystes devront admettre que leur foi a été mise à rude épreuve.

Brayden Schenn venait tout juste d’égaliser le record canadien du plus grand nombre de points dans un tournoi.
Un record qui remontait à 1977. Du côté russe, le capitaine Tarasenko venait d’être escorté au vestiaire, incapable de patiner – ni même de se tenir debout.

Il faut dire que le Canada dominait le match à tous les niveaux et en début de troisième, je commençais même à me demander à quand remontait le dernier blanchissage en final du championnat du monde…

Le miracle

Puis en troisième période, le miracle russe : 2 buts en 13 secondes.
Et moins de 5 minutes plus tard, c’était l’égalité 3-3.

Et de fil en aiguille… la catastrophe.

Quand je pense qu’au début de la période, je me disais que ça faisait du bien d’avoir une finale moins stressante que d’habitude, comparée à Saskatoon et Vancouver 2010!

Le miracle des uns et la foi des autres

La défaite de l’année dernière avait été dure à avaler mais avec celle-ci, on ne sait même pas par où commencer.
C’est que normalement, les miracles animent la foi des croyants, mais cette fois-ci, ce fut tout le contraire.
À tout le moins pour les Canadiens…

Force est donc de constater que le miracle des uns n’anime pas la foi des autres.

La théorie des jeux et le thon rouge

Suite à mon article sur le cynisme politique, j’ai réalisé que la théorie des jeux est aussi un outil puissant bien méconnu mais qui pourtant nous aide à bien comprendre plusieurs comportements paradoxaux, tels que l’armement nucléaire ou la surpêche. Pour illustrer mon point, je vais tenter d’appliquer la théorie des jeux à la pêche au thon rouge – formidable bison des mers…

Banc de thons rouges

Banc de thons rouges - Crédit : NOAA, 1973
(Respectueux des droits d'auteurs comme je suis, sachez qu'il est difficile de trouver la photo d'un banc de thons rouges sur le domaine public... Celle-ci est plutôt originale.)

L’enjeu de cette pêche est de définir des quotas capables de préserver les stocks existants. Ces quotas sont établis par différents organismes, dont la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA).

Bien que « thonidés » soit un bien drôle de mot, nous savons que les quotas ne sont pas respectés. Il semblerait que des entreprises, comme Mitsubishi Corporation, surgèlent actuellement des milliers de tonnes de thon rouge afin de s’approprier les stocks existants et probablement les revendre à gros prix quand il n’y en aura plus…

Mais pourquoi tout pêcher maintenant, en toute illégalité, si c’est pour ne plus rien avoir à pêcher demain matin? Bien qu’il soit tentant de répondre l’argent – ou le Mal! -, c’est faux, car il y aurait beaucoup plus d’argent à faire si on n’exterminait pas le thon rouge!

Nous allons voir que la véritable raison se trouve dans la théorie des jeux.

Stratégies et combinaisons

Considérons les entreprises A et B, toutes deux dans la pêche commerciale du thon rouge. À prime abord, chaque entreprise doit adopter une des deux stratégies suivantes : respecter ou ne pas respecter les quotas.

Voici les combinaisons possibles :

  1. Les deux entreprises respectent les quotas.
  2. Les deux entreprises ne respectent pas les quotas.
  3. L’entreprise A respecte les quotas mais l’entreprise B ne les respecte pas.
  4. L’entreprise B respecte les quotas mais l’entreprise A ne les respecte pas.

Gains

Pour choisir une stratégie, les entreprises doivent attribuer un gain à chacune de ces combinaisons. Un gain est une valeur, une représentation chiffrée d’une conséquence, qui va permettre aux entreprises de comparer différentes éventualités. Donc, il ne faut pas nécessairement voir le gain comme une somme d’argent. Par exemple, l’image de entreprise peut autant entrer en ligne de compte dans l’attribution du gain que son chiffre d’affaires.

Par contre, pour les besoins de cette démonstration, nous allons seulement considérer le chiffre d’affaires des entreprises dans le calcul du gain. Le chiffre d’affaires constitue sans aucun doute le critère le plus important de la survie et de la profitabilité d’une entreprise…

Choix rationnel

Voici maintenant l’hypothèse la plus importante :

Selon la théorie des jeux, chacune des entreprises fera un choix rationnel si elle adopte la stratégie qui maximise ses gains – ou minimise ses pertes -, indépendamment de la stratégie choisie par son adversaire.

Notons bien l’utilisation du mot « indépendamment » qui est la clé du paradoxe selon moi, comme nous le verrons plus bas.

Attribution des gains

Évaluons maintenant les conséquences de chacune des combinaisons énumérées plus haut sur le chiffre d’affaires des entreprises A et B. Dans ce cas particulier de la surpêche, soulignons que les conséquences à court terme et à long terme sont diamétralement opposées.

Cas Conséquence
A et B respectent les quotas Les chiffres d’affaires de A et B seront radicalement moindres à court terme, mais il sera possible de préserver le thon rouge et d’en profiter indéfiniment. La pénalité est la même pour les deux entreprises, donc il n’y a pas d’avantage indu pour aucune d’entre elles.
A et B ne respectent pas les quotas Les chiffres d’affaires de A et B seront les mêmes à court terme au risque de ne plus pouvoir pêcher du tout à long terme… Donc, la pénalité est grande, car le chiffre d’affaires sera potentiellement inexistant à long terme. Par contre, il n’y a pas d’avantage indu pour aucune des entreprises.
Seulement A OU B respectent les quotas Pour l’entreprise qui respecte les quotas, son chiffre d’affaires sera moindre à court terme et potentiellement inexistant à long terme… C’est définitivement le pire cas pour cette entreprise.

Pour l’autre entreprise, il n’y a pas de conséquence à court terme mais la même conséquence à long terme. Mais puisque l’autre entreprise respecte les quotas et pêche moins de thon rouge, la dernière entreprise pourra pêcher le thon pendant plus longtemps.

En considérant le tableau ci-dessus, nous pouvons considérer que la meilleure stratégie, collectivement et pour l’environnement, serait le respect des quotas. De plus, l’offre étant globalement plus petite, les prix pourraient potentiellement augmenter – en fonction de l’élasticité de la demande de thon rouge – et l’impact négatif sur le chiffre d’affaires s’en ressentirait peut-être encore moins.

Mais qu’elle serait la meilleure stratégie, individuellement?

Matrice des gains

Pour répondre à la question précédente, construisons la matrice des gains. Il suffit de consigner dans une matrice l’analyse ci-dessus en attribuant un gain proportionnel aux conséquences, pour chaque entreprise et chaque éventualité.

La difficulté, dans le cas qui nous préoccupe, tient à ce que les conséquences sont très différentes selon que l’on considère le court ou le long terme. Lequel doit-on considérer pour attribuer les gains et prendre une décision?

Pour pallier à cet obstacle, et conserver un point de vue global sur le problème, j’ai consigné les conséquences positives ou négatives à court (CT) et à long (LT) terme. Dans un cas spécial, j’ai employé la notation « LT+/- » lorsque les conséquences ne sont pas nettement positives ou négatives à long terme.

Dans le coin supérieur droit de chaque combinaison, on retrouve le gain de l’entreprise A et dans le coin inférieur gauche, celui de l’entreprise B.

En caractère gras, j’ai souligné la meilleure réponse de chaque entreprise vis-à-vis du choix potentiel de l’autre entreprise.

Par exemple, imaginons que A ne respecte pas les quotas. En conséquence :

  • Si B respecte les quotas, son gain sera « CT-, LT-« .
  • Si B ne les respecte pas, son gain sera « CT+, LT-« .

Ainsi, la meilleure réponse de B serait de ne pas respecter les quotas (CT+, LT-), car elle pourrait au moins sauver son chiffre d’affaires à court terme.

A
B
Respect Non-respect
Respect
CT-, LT+
CT-, LT+
CT+, LT+/-
CT-, LT-
Non-respect
CT-, LT-
CT+, LT+/-
CT+, LT-
CT+, LT-

Il y a quand même un cas ambigu : si A respecte les quotas, quel est la meilleure réponse de B?

Autrement dit, qu’est-ce qui est le plus important? Le court terme ou le long terme?

De façon prudente, nous pouvons supposer que CT+, LT+/- est plus enviable que CT-, LT+, car sans la garantie d’une survie à court terme, il n’y a tout simplement pas de long terme…

Surtout quand on considère ceci : en choisissant de ne pas respecter les quotas, une entreprise s’assure d’éviter le pire scénario, soit des conséquences négatives à court et à long terme (CT-, LT-).

Finalement, en considérant les meilleures réponses de A et B, on constate que le seul et unique choix rationnel pour chacune des entreprises (i.e. indépendamment de la stratégie de l’autre entreprise) est le non-respect des quotas… D’ailleurs, on peut aussi dire que le non-respect des quotas par les deux entreprises est le seul équilibre de Nash de ce jeu.

L’essence du dilemme

Dans le cas de notre démonstration, l’argent est l’unique critère décisionnel (chiffre d’affaires) des entreprises dans le cadre du jeu de la pêche au thon rouge… Par contre, si on enlevait le cadre du jeu, on sait qu’une seule entreprise aurait intérêt à préserver le thon pour assurer son avenir à long terme.

Donc, la principale raison pour laquelle les entreprises ne respectent pas les quotas, ce n’est pas l’argent, mais les autres entreprises!

L’essence du dilemme tient à ceci : les conséquences collectives divergent des conséquences individuelles.
Et bien évidemment, les entreprises prennent leurs décisions individuellement.

En conséquence, pour que le meilleur cas, d’un point de vue collectif, se réalise, il faut que toutes les entreprises coopèrent, sans exception. Mais si une seule d’entre elles ne coopèrent pas, c’est le pire cas, d’un point de vue individuel, de toutes les autres entreprises qui se réalise…

Conclusion

Que devrait-on faire alors pour sauver le thon rouge? Il faut tout simplement faire en sorte que le choix rationnel de chacune des entreprises soit le respect des quotas! Si le non-respect des quotas était sévèrement puni ou si les consommateurs n’achetaient que des produits respectueux de l’environnement, la meilleure stratégie des entreprises serait le respect des quotas et non le contraire.

Dans tous les cas, selon la théorie des jeux, on ne peut pas blâmer les entreprises de faire des choix rationnels. C’est en intervenant sur les gains que nous pourrons modifier le comportement des entreprises.

Autrement dit, tant qu’on ne changera pas les règles du jeu, on ne changera pas le comportement des joueurs.

Réf. :

  1. Binmore, Ken (2007). Game Theory. New York : Oxford, 184 p.

L’inflation pour les nuls

Vous noterez l’expression faciale qu’ont les gens quand le mot « inflation » se manifeste. C’est un point d’interrogation et un point d’exclamation un à côté de l’autre qui se regardent, en se demandant lequel des deux a raison. Tout le monde sait évidemment que les prix montent… mais en même temps, on n’y comprend franchement rien.

Je m’efforcerai donc à résumer ci-dessous, au meilleure de ma connaissance, ce que je connais de l’inflation. Bien entendu, j’accepterai humblement tout commentaire au sujet du contenu de cet article.

Qu’est-ce que l’inflation?

L’inflation, c’est la hausse générale des prix. On dit aussi que l’inflation, c’est une baisse constante de la valeur de la monnaie. Ça semble logique, car si il faut de plus en plus d’argent pour acheter les mêmes produits, c’est que la monnaie vaut moins. Par contre, est-ce réellement lié à une dévaluation de la monnaie? Si tous les produits sont plus rares (moins d’offre que de demande) ou si ils sont tous plus en demandes (plus de demande que d’offre), les prix monteraient aussi, non? Nous nous attarderons à cette question plus loin.

Comment calcule-t-on la hausse « générale » des prix?

En regardant simplement l’évolution du prix d’un panier de biens représentatif des habitudes de consommation des consommateurs. Ce prix permet d’établir l’indice des prix à la consommation (IPC). Le taux d’inflation est simplement le taux de variation de cet indice entre deux périodes (ex. : entre 2 années).

Supposons que le prix d’un seul produit soit responsable de l’augmentation du prix du panier? Peut-on véritablement parler d’inflation? À mon avis, on ne pourrait plus parler de hausse générale des prix, mais je ne pourrais pas définitivement répondre à cette question…

Quelles sont les causes de l’inflation?

Considérons n’importe quel produit : qu’est-ce qui en détermine normalement le prix? C’est l’offre et la demande. En conséquence, qu’est-ce qui peut faire en sorte que tous les prix augmentent? Dans ce cas, on pourrait imaginer que l’offre globale diminue ou que la demande globale augmente, ce qui ferait grimper les prix. Pourtant, ça semblerait étrange, car en principe, l’offre s’ajustera toujours à la demande tant qu’il y aura un profit à faire, à moins qu’il y ait une barrière qui empêche l’offre de s’ajuster.

Considérons plutôt la monnaie comme un produit. Plus il y en a, moins elle a de la valeur et vice-versa. Donc, si il y a plus de monnaie, elle vaut moins et il en faut plus pour acheter le même produit. Ainsi, l’augmentation de la masse monétaire semble être une explication simple de l’inflation. Comme on le voit dans des pays en hyperinflation, celle-ci est directement liée à l’impression abusive de monnaie.

Par contre, l’augmentation de la masse monétaire n’est pas seulement liée à l’impression de billets, elle est surtout un effet des banques qui, en amassant l’épargne de leurs clients et en consentant des prêts à d’autres de leurs clients, créent de la monnaie.

Comment contrôle-t-on l’inflation?

La banque centrale a le pouvoir de stimuler ou de freiner l’emprunt des banques elles-mêmes en intervenant, via le taux directeur, sur les taux d’intérêts en vigueur sur le marché. En fonction de ce que nous avons vu plus haut sur la participation des banques dans le processus de création monétaire, nous savons que plus elles empruntent, plus elles favorisent la création monétaire, donc l’inflation. À l’inverse, si les taux d’intérêts augmentent, les banques sont plus réticentes à emprunter et elles accordent aussi moins de prêts, ce qui freine la création monétaire.

Le ciblage de l’inflation, qu’est-ce que c’est?

Dans plusieurs pays, la banque centrale a établi un taux cible d’inflation qui se situe généralement entre 1% et 3%.

D’importantes fluctuations de la valeur de la monnaie peuvent avoir des conséquences désastreuses pour les épargnants et les emprunteurs. Dans les pays qui souffrent d’hyperinflation, la monnaie se dévalue a un rythme tel que quand on reçoit sa paie, il vaut mieux la changer immédiatement en or ou en dollars américains pour ne pas en perdre la valeur!

Dans le cas inverse, soit en période de déflation, on peut citer le fameux cas des fermiers américains qui, à la fin du XIXe siècle entre 1880 et 1896, ont vu les prix baisser de 23%. Par conséquent, alors que les salaires étaient descendus au même rythme, les dettes qu’ils avaient accumulées étaient devenues de plus en plus difficiles à remboursées…

Imaginons un salarié qui gagne 40,000$ annuellement et qu’il obtienne un prêt hypothécaire de 120,000$ cette année. Si les prix baissaient de 25% dans les années à venir, il ne gagnerait plus que 30,000$ par année, mais sa dette serait toujours aussi grande.

Pourquoi ne pas cibler un taux d’inflation nul?

Parce que je crois qu’on veut à tout prix éviter une déflation. La déflation signifie que l’argent prend de la valeur avec le temps, ce qui incite les agents économiques à différer leurs dépenses. Au contraire, on cherche à stimuler les dépenses, donc une légère inflation favorise la croissance économique. D’ailleurs, il est important de comprendre que l’inflation soulage les emprunteurs, car en principe, entre le moment où on emprunte de l’argent et celui où on le rembourse, l’inflation a fait en sorte que notre salaire a augmenté entre-temps et qu’il est plus facile de rembourser son prêt.

Pourquoi se préoccuper de l’inflation en tant qu’épargnant?

Parce qu’on a tendance à oublier l’inflation quand on gère ses finances et que je n’ai jamais entendu un conseiller financier parler d’inflation. D’ailleurs, ils n’en parlent pas plus que des frais de gestion.

Quand on fait un placement garanti qui rapporte 2% d’intérêt annuellement et que l’inflation en gruge 2% pendant ce temps, on ne peut pas vraiment parler de placement. C’est tout juste si notre épargne n’a pas perdu de sa valeur pendant ce temps. Donc, quand on investi dans un fonds communs ou dans tout autre type d’instrument financier, il ne faut pas oublier que le taux d’inflation diminue le rendement au même titre que les frais de gestion, les frais de transaction, etc.

Réf. :

  1. Mankiew, N. Gregory (1998). Principes de l’économie. Paris : Economica, 972 p.
  2. L’ABC du ciblage de l’inflation

Cynisme envers politiciens, chefs d’entreprise, papas et mamans…

Suite à La période de questions sur RDI à propos du dernier remaniement ministériel du PLQ, j’étais quelque peu énervé par l’éternel cynisme des gens envers les politiciens.

D’abord, parce qu’il y a des gens honnêtes ou malhonnêtes dans l’ensemble de la population. Il y a des fraudeurs autant parmi les chefs d’entreprises que parmi les employés. Puis il y a les voleurs de cartes de crédit – qui sont à leur compte… Ça me semble relativement simple à comprendre.

Puis à bien y penser, le cynisme politique n’est pas tellement différent du cynisme envers les dirigeants d’entreprise. Au fond, il y a du cynisme envers tous ceux qui gouvernent!

Et si les enfants en étaient capables, je crois qu’il y aurait aussi beaucoup de cynisme envers papas et mamans…

Tous ceux qui prennent des décisions s’attirent inévitablement le cynisme des autres. Et dans bien des cas, le cynisme a au moins trois sources : la mauvaise foi, l’incompréhension et la généralisation.

La mauvaise foi : ce que j’appelle la mauvaise foi, c’est la croyance que, dans l’exercice politique ou dans la gestion d’entreprise, la gestion de sa réputation est une fin en soi. Par exemple, il est normal selon moi qu’un gouvernement exploite, évidemment en toute légalité, les mécanismes et les règles en place pour favoriser sa réelection. Tout le monde exploite les crédits d’impôt et les déductions disponibles à son avantage. Tout le monde se montre sous son meilleur jour en entrevue ou chez un client. Ce sont les règles du jeu et non de la malhonnêteté. Par contre, si un gouvernement se consacre plus qu’il ne le faut à son image et néglige ses responsabilités, on peut se poser des questions.

L’incompréhension : qu’un enfant ne comprenne pas les décisions de ses parents, c’est simple à comprendre. Dans le cas d’un gouvernement ou d’une entreprise, la gestion quotidienne et les décisions prises tiennent compte d’un très grand nombre de facteurs dont la plupart des gens ne connaissent même pas l’existence. À moins que de l’avoir expérimenté, je ne crois pas qu’on puisse comprendre ce que c’est que de gouverner. On gouverne pour tous et non pour des individus.

La généralisation : il est tellement plus simple de généraliser. Ils sont tous pareils…

Bref, le cynisme est trop souvent mesquin, excessif et totalement dénué d’arguments. Je suis prêt à défendre sauvagement mon point de vue à ce sujet, car il y en a franchement marre!

Puis au fond, je crois que les gens qui gouvernent ont droit au bénéfice du doute.

Autrement, il n’y aurait rien à espérer de toute façon.

Acheter des actions de BP?

Après près de 3 mois, BP annonçait cet après-midi, pour la première fois, avoir réussi à contenir sa fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique. Mais ce n’est pas terminé, comme le prouve l’action de BP qui reste encore bien en-deça de sa valeur du mois d’avril.

Cours du titre dans les 3 derniers mois


Pour ne nommer que quelques impondérables, il y a l’entonnoir qui doit tenir le coup pendant que BP bouche définitivement le puit. Puis il y a encore la menace de nombreuses poursuites à venir à l’endroit de BP, notamment d’une poursuite initiée par le gouvernement américain. De plus, il pourrait y avoir de nouvelles législations qui empêcheraient BP d’explorer de nouveaux gisements aux États-Unis pendant plusieurs années.

Allez savoir à combien de milliards tout ceci pourrait se chiffrer…

Mais à plus long terme, est-ce que BP a démontré qu’elle sera capable de corriger la situation et de poursuivre normalement ses activités?

Bref, les marchés boursiers n’avait-ils pas jugé un peu trop sévèrement l’ampleur de la catastrophe pour BP?

Afrikaans signifie « africain » en néerlandais

Dans l’esprit de la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, je me suis rendu compte dernièrement que la troisième langue la plus parlée d’Afrique du Sud, l’afrikaans, est une langue germanique.

Selon Wikipédia, les langues germaniques les plus parlées sont l’anglais, l’allemand, le néerlandais, les langues scandinaves et l’afrikaans. Il est tout de même surprenant de voir une langue sud-africaine se détacher ainsi du tableau!

La raison est simplement que l’Afrique du Sud a d’abord été colonisée par les médaillés d’argent de la Coupe du monde 2010 avant de tomber sous la domination britannique. En effet, les néerlandais ont précédé les anglais en Afrique du Sud tout comme ils l’ont fait à New York alors que la ville s’appelait « New Amsterdam ».

L’afrikaans est parlé par 13% de la population sud-africaine.

Référence : Afrikaans – Wikipédia

Le français de Sète

Sète : Vue générale depuis le mont Saint-Clair

Je me rappelle avoir déjà considéré George Brassens et Paul Valéry comme étant les auteurs ayant le plus beau français que je connaisse.

Bien que ce soit une paire originale, ils partagent cette façon de s’exprimer directement, avec une grande justesse de vocabulaire, de mode, de temps, de narration et de sens.

Là où bien des auteurs se soulignent essentiellement par leur élégance et leur style, Brassens et Valéry sont d’abord des êtres massivement contemplatifs mais qui ont aussi le don de s’exprimer parfaitement bien.

Puis un jour, j’ai constaté que les deux auteurs étaient nés à Sète, sur la mer Méditerannée, dans le sud de la France.

Drôle de coïncidence mais je crois maintenant comprendre qu’au-delà du français, les deux poètes partageaient surtout les mêmes états d’âmes, car Sète et ses alentours semblent tout à fait propices à la contemplation. Avec tous ces cours d’eau, il n’est pas surprenant que la commune soit surnommée la Venise du Languedoc. D’ailleurs, Venise figure à bien des égards en tête de mes villes préférées à cause de cet enchevêtrement inouï entre la mer, la lumière, le temps et les hommes.

Voici le passage d’un texte de Valéry, au sujet de Sète :

« Tel est mon site originel, sur lequel je ferai cette réflexion naïve que je suis né dans un de ces lieux où j’aurais aimé de naître. Je me félicite d’être né en un point tel que mes premières impressions aient été celles que l’on reçoit face à la mer et au milieu de l’activité des hommes. Il n’est pas de spectacle pour moi qui vaille ce que l’on voit d’une terrasse ou d’un balcon bien placé au-dessus d’un port. […] L’oeil, dans ce poste privilégié, possède le large dont il s’enivre et la simplicité générale de la mer, tandis que la vie et l’industrie humaines, qui trafiquent, construisent, manoeuvrent tout auprès, lui apparaissent d’autre part. […] L’oeil ainsi embrasse à la fois l’humain et l’inhumain. »1

Références :

  1. L’Encyclopédie de L’Agora
  2. Sète – Wikipédia